La gestion contemporaine des arts et de la culture pour assurer la vitalité de ce secteur

2 mai 2024

Formations

Unique en son genre dans les Maritimes, le programme en gestion contemporaine des arts et de la culture de la Formation continue (FC) de l’Université de Moncton vient combler un besoin pressant dans ce secteur. Le programme est conçu spécifiquement pour développer les compétences et les connaissances des personnes qui aspirent à devenir des cheffes et chefs de file dans le domaine des arts et de la culture dans les Maritimes et dans l’ensemble du pays. Innovatrice, cette formation est offerte en partenariat avec le Centre des arts musicaux de l’University of New Brunswick (UNB) et en collaboration avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Agent de développement pour les langues et la culture à la FC, André Bourgeois avait noté l’absence d’une formation en gestion destinée aux gens qui œuvrent dans les domaines culturels et artistiques. « Rien n’existait en français sur les compétences en gestion dans les arts et la culture pour, par exemple, les gens qui gèrent un organisme à but non lucratif dans le milieu culture, du patrimoine et autres. Pourtant, beaucoup de compétences nécessaires sont propres à ce secteur et diffèrent de la gestion d’une entreprise », souligne- t-il. Il mentionne notamment les spécificités reliées aux demandes de subvention, les ressources humaines souvent passagères et les difficultés à générer des revenus. « Une formation pour développer ces compétences qui permettent à ces organismes de survivre et s’épanouir n’existait pas en français », ajoute-t-il.

Un premier certificat offert en anglais par UNB

Mais elle existait en anglais, plus précisément au Centre des arts musicaux de UNB qui offrait depuis l’automne 2021 un certificat en la matière. « Tout a commencé quand nous étions en fin de pandémie et que les activités reprenaient tranquillement. Toutefois, le monde avait changé et il y avait un besoin pour de nouvelles pensées, de nouveaux processus et de nouvelles idées pour les gens qui gèrent les organisations culturelles et artistiques », explique Richard Hornsby, directeur de musique à UNB.

Il a enrôlé l’aide d’une collègue de longue date, Victoria Steele, une consultante bilingue en gestion des arts et des organismes à but non lucratif avec une expertise dans le développement de formations en ligne. Ensemble, ils ont mis sur pied ce certificat en gestion contemporaine pour les arts et la culture offert à distance par l’entremise du College of Extended Learning de UNB. « En général, il n’existe pas beaucoup de contenu canadien comme des livres de cours et des ressources formelles même si beaucoup de webinaires ont été mis sur pied pendant la pandémie. Ceci nous a donné l’occasion de créer un nouveau programme contemporain avec du contenu canadien », souligne Mme Steele avec satisfaction en mentionnant une collaboration avec l’institution HEC Montréal.

Un partenariat pour l’offrir en français a suivi

L’engouement pour la formation s’est avéré évident dès le départ avec un nombre élevé d’inscriptions et cela ne s’est pas démenti depuis. « Très tôt, nous avons reconnu que nous avions besoin d’explorer la possibilité d’offrir cette formation aux francophones, mais UNB n’est pas vraiment habileté à offrir une formation en français. L’idée d’établir un partenariat avec l’Université de Moncton est survenue assez rapidement », se souvient M. Hornsby.

Par coïncidence, André Bourgeois de la Formation continue était arrivé à la même constatation et, fait intéressant, il connaissait déjà Richard Hornsby grâce à leur intérêt mutuel pour la musique. « Nous avons donc collaboré pour adapter le programme de UNB puisque nous ne voulions pas juste le traduire. Nous avons trouvé d’autres personnes formatrices qui ont apporté leur propre contenu et abordé des thématiques spécifiques au milieu des arts et de la culture en situation linguistique minoritaire », précise M. Bourgeois.

Un contenu adapté à la clientèle francophone

Une première cohorte francophone a ainsi commencé, en septembre 2023, ce programme de gestion contemporaine des arts et de la culture offert par la FC et elle terminera le programme en juin 2024. Les personnes inscrites proviennent de différents secteurs des arts et de la culture comme des organismes musicaux ou voués à la préservation du patrimoine, des maisons d’édition, des galeries d’arts et autres. Grâce au généreux soutien du gouvernement du NouveauBrunswick, la plupart des dépenses pour le programme de cette année ont été subventionnées. Ceci a donc permis d’offrir ce programme à un cout peu élevé à la première cohorte.

Les trois cours du programme sont offerts en ligne à temps partiel et le programme comprend des sessions d’enseignement synchrones toutes les deux semaines, en plus de contenu étoffé en mode asynchrone tel que vidéos, lectures et autres. « J’ai assisté à quelques sessions synchrones et il y a beaucoup de partages. Les personnes étudiantes ont beaucoup d’expérience dans le domaine, mais plusieurs n’ont jamais eu de formation formelle. Les sessions permettent un échange dynamique entre des personnes d’expérience et beaucoup d’idées en ressortent », note André Bourgeois.

Le premier cours, intitulé Leadership, gouvernance et planification, passe en revue les pratiques actuelles en matière de gouvernance et de planification stratégique et commerciale, sans oublier les éléments de leadership et l’esprit d’entreprise. Ensuite, le cours sur les opérations efficaces aborde les éléments actuels de la gestion des ressources humaines, de la gestion juridique et financière, ainsi que des pratiques numériques pour les organismes à but non lucratif. Enfin, les personnes étudiantes suivent un cours sur la gestion des relations et des revenus. Elles y apprennent à élaborer des stratégies efficaces pour le marketing, la collecte de fonds, les demandes de subvention, l’engagement communautaire et le plaidoyer.

« Un élément intéressant du programme est le projet final : développer un plan stratégique pour un projet ou une initiative de l’organisme dans lequel œuvre la personne étudiante. Ce projet pourra aider l’organisme à s’épanouir et à augmenter sa portée », ajoute M. Bourgeois.

De son côté, Victoria Steele a salué la participation active de la communauté culturelle et artistique francophone pour contribuer à l’élaboration du programme. « Nous avons un contenu contemporain solide et vraiment intéressant grâce aux gens qui ont accepté d’accorder des entrevues pour le programme. Nous avons même eu la Chancelière de l’Université de Moncton qui a agi comme invitée lors de notre session sur la gouvernance l’automne dernier. L’appui fantastique de la communauté et sa bonne volonté ont vraiment contribué au contenu du programme », souligne-t-elle.

Une collaboration exemplaire

Enfin, une fois le programme terminé, les personnes étudiantes recevront à la fois une attestation de réussite de l’Université de Moncton et un certificat de UNB. Les personnes représentant les deux institutions ont salué la coopération exemplaire qui a permis d’offrir cette formation dans les deux langues. « La collaboration a été facile dès les premiers jours. Des deux côtés, tout le monde croyait fermement dans l’importance d’offrir cette formation dans chacune des langues officielles et la collaboration a été facilitée par une vision commune », avance André Bourgeois.

Pour sa part, Richard Hornsby se réjouit de l’impact à long terme des deux programmes sur le secteur artistique et culturel de la province et, éventuellement, ailleurs au pays. « Nous sentons que ces programmes remplissent vraiment une niche. Du côté anglophone, nous avons trois fois le nombre de personnes intéressées comparé au nombre de places au programme et je soupçonne que le même phénomène va survenir du côté francophone. Nous avons l’occasion de nous appuyer les uns les autres et de vraiment renforcer le secteur des arts et de la culture », conclut-il avec enthousiasme.

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